Le monde sous-marin n’est pas silencieux : pourquoi embarquer un hydrophone ?
On parle encore souvent du “Monde du Silence”, en hommage à Cousteau. Mais c’est une illusion : l’océan n’a jamais été silencieux. Il crépite, il gronde, il chante. C’est un univers vibrant, où chaque être vivant s’exprime à sa manière.
Le monde sous-marin n’est pas silencieux : pourquoi embarquer un hydrophone ?
On parle encore souvent du “Monde du Silence”, en hommage à Cousteau. Mais c’est une illusion : l’océan n’a jamais été silencieux. Il crépite, il gronde, il chante. C’est un univers vibrant, où chaque être vivant s’exprime à sa manière.
Sous l’eau, le son est roi : il se propage 5 fois plus vite que dans l’air et sur des distances immenses. Alors que notre regard s’arrête à quelques dizaines de mètres de visibilité, les animaux marins, eux, peuvent communiquer à des kilomètres. Le son est leur langage, leur boussole, leur mémoire.
Et c’est précisément ce monde sonore que nous voulons explorer avec le Club des 5 Océans, en embarquant un hydrophone à bord de MaJoCo, notre voilier.
Chaque écosystème a sa signature sonore
Un hydrophone est un micro sous-marin qui capte ces sons invisibles. Et chaque milieu marin a sa signature acoustique, comme une carte d’identité sonore.
Dans un récif corallien en bonne santé, on entend un crépitement continu produit par des milliers de crevettes-pistolets, auquel s’ajoutent les cliquetis et grognements de poissons.
Dans les herbiers marins, les sons sont plus discrets : des craquements, des coups sourds, des bruissements liés à la faune qui s’y abrite.
Au large, c’est une autre musique : les chants graves des rorquals qui portent à des dizaines de kilomètres, ou les sifflements aériens des dauphins qui se reconnaissent entre eux.
Pour les scientifiques, ces paysages sonores sont de véritables outils d’inventaire de la biodiversité. En analysant les sons, on peut estimer la richesse d’un écosystème sans capturer ni déranger ses habitants.
Le vacarme invisible : quand l’humain brouille le chant de l’océan
Mais à côté de ces symphonies naturelles, un autre bruit s’impose : celui des activités humaines.
Les cargos et pétroliers génèrent un grondement permanent.
Les forages et chantiers offshore (éoliennes, plateformes) produisent des coups répétés et puissants.
Les sonars militaires émettent des signaux si intenses qu’ils peuvent perturber des cétacés à des centaines de kilomètres.
Les campagnes sismiques pour la prospection pétrolière répètent des explosions sonores toutes les dix secondes, pendant des semaines entières.
Les conséquences sont graves :
Les baleines voient leur portée de communication réduite de 90 % dans certaines zones de fort trafic maritime.
Des échouages massifs de cétacés ont été liés à l’usage de sonars.
Des poissons modifient leurs comportements de reproduction.
Des calmars et céphalopodes présentent des lésions auditives irréversibles après exposition à des sons puissants.
Le bruit est une pollution invisible, qui fragilise autant les océans que les plastiques ou le réchauffement.
Quand l’acoustique devient un outil de restauration
L’acoustique n’est pas seulement un outil de diagnostic, elle peut aussi servir à soigner les écosystèmes.
Un exemple marquant : en 2023, des chercheurs du Woods Hole Oceanographic Institution (USA) ont diffusé les sons d’un récif corallien sain dans un récif dégradé aux Caraïbes. Résultat : le recrutement de larves de corail a presque doublé. Les larves, attirées par le bruit de la vie, s’installent là où elles perçoivent un habitat favorable.
En France, l’initiative Reef Pulse, portée par RespectOcean, combine acoustique passive et intelligence artificielle pour analyser les paysages sonores des récifs coralliens et diffuser ces sons dans des zones abîmées, attirant poissons juvéniles et coraux.
L’écologie acoustique devient ainsi un outil de conservation et de restauration, au-delà de la simple observation.
Le projet du Club des 5 Océans : écouter pour protéger
En embarquant un hydrophone, nous voulons que MaJoCo devienne une plateforme flottante d’observation du vivant.
Notre mission :
Enregistrer les signatures sonores des écosystèmes rencontrés lors de notre tour du monde.
Contribuer aux programmes de recherche en mettant nos données à disposition de la communauté scientifique.
Sensibiliser petits et grands en partageant ces sons : faire écouter le chant d’une baleine, le crépitement d’un récif… mais aussi le vacarme d’un cargo au milieu du Pacifique.
Montrer concrètement que le son est une clé pour comprendre et protéger la biodiversité.
Pourquoi nous avons besoin de vous
Un hydrophone est un investissement conséquent, mais il ouvre un champ immense : celui de l’écoute. Grâce à lui, nous pourrons transformer l’invisible en audible et rapprocher chacun de ce monde fascinant.
En participant à notre campagne Ulule (jusqu’au 13 septembre – l’anniversaire de notre fille !), vous nous aidez à :
financer ce matériel,
enrichir la recherche scientifique,
et surtout, faire entendre la voix des océans.
Parce qu’avant de protéger, il faut apprendre à écouter.
Soutenez notre campagne sur Ulule : https://fr.ulule.com/le-club-des-5-oceans/